Analyse pièce par pièce
Miroir de notre psychisme, la maison est d’abord un espace de vie : on la rénove, on la bricole, on la réaménage. Elle est soumise à nos envies et à nos besoins changeants qui, tout en étant très personnels, suivent l’évolution socioculturelle.
« Alors qu’il reste le lieu du secret, le “chez soi” se montre de plus en plus », remarque la psychologue et sociologue Perla Serfaty-Garzon. Auteure de Chez soi, les territoires de l’intimité, elle nous explique les dernières mutations de la maison, pièce par pièce. Si ces évolutions sont une tendance générale, elles n’en restent pas moins le reflet des aspirations profondes de chacun de nous, plus que jamais préoccupé par son intérieur.
Le salon
Il est a priori le lieu le plus public de la maison.
Jusqu’à ces dernières années, il avait pour fonction de nous situer socialement.
Aujourd’hui, l’essentiel est d’y exprimer son individualité et son originalité davantage que son appartenance à une classe.
Le paradoxe ? Tout en restant public, le salon est devenu le lieu de l’expression de soi, là où tout ce qui fait notre identité s’expose : photos de famille, créations artistiques, livres, CD, magazines…
La cuisine
Elle est de plus en plus sociable, ouverte à tous.
Les enfants y font leurs devoirs, les couples s’y retrouvent en fin de journée, les amis y dînent…
La cuisine est le lieu de l’oralité par excellence : non seulement on y mange, mais on y discute. De fait, l’aménagement de cet espace change.
Elle devient le salon de la vie quotidienne, l’esthétique prend le dessus : on la soigne, on l’équipe comme on le faisait autrefois pour le salon.
La chambre du couple
Cette pièce reste une célébration du couple.
Toutes les études indiquent que c’est celle pour laquelle on dépense le moins, preuve qu’elle est essentiellement vouée à la sexualité et au sommeil. Encore aujourd’hui, elle n’est pas censée être vue par les « étrangers », même si les modes de vie familiaux et le rapport à la pudeur et à l’intime varient considérablement d’un foyer à un autre.
La salle de bains
Après des années de rigueur hygiéniste, la priorité est donnée au plaisir et à la sensualité.
Cette pièce est devenue l’espace où s’exprime le plus clairement notre tendance au souci de soi et au narcissisme. On n’hésite d’ailleurs plus à la montrer, quand on fait visiter sa maison. Cette ouverture de l’espace va jusqu’à favoriser l’absence de mur entre la chambre et la salle de bains.
Les toilettes
S’il s’agit d’une pièce à part, la tendance est à la décoration ludique (lunette décorative, affiches humoristiques…).
Une façon d’assumer, en le personnalisant, ce petit coin autrefois honteux. Cette tendance prouve la reconnaissance de cette fonction secondaire. Après des siècles de déni, l’acceptation du corps l’emporte enfin.
Anne-Laure Gannac (sources / psychologie mars 2018)
Article paru dans Immocal N° 154 – aout 2018